38.

Ari se rendit au Passe-Murailles vers 19 heures, au moment où la librairie fermait, en dehors des jours de grande affluence. De loin, il vit Lola qui rabattait les grands volets de bois sur la vitrine et, il n’aurait su dire pourquoi, l’observer ainsi en retrait alors qu’elle ne l’avait pas encore aperçu l’emplissait d’une profonde mélancolie. Dans ces moments-là, l’envie de baisser enfin sa garde l’envahissait et il se voyait arriver derrière elle, la saisir par les épaules et lui glisser à l’oreille les mots d’amour définitifs qu’elle attendait depuis longtemps et qu’il ne parvenait toujours pas à formuler. Quelque chose comme : « Je suis prêt. On y va », ou bien tout simplement « Je t’aime, pardonne-moi », et il savait qu’elle comprendrait.

Mais l’heure n’était pas encore venue. Il se demandait même s’il saurait reconnaître le bon instant. Tout ce dont il était sûr, c’est qu’elle était plus belle que la plus belle des femmes et qu’il avait envie, chaque fois qu’il la voyait, de la serrer contre lui. Tout simplement la serrer contre lui.

Ari s’appuya contre un mur de l’autre côté de la place. Il voulait la regarder encore un peu. La voir comme elle était quand il n’était pas là. La voir dans son quotidien, dans son monde à elle.

Il se demandait ce qui le retenait vraiment. Cela aurait pu être leur différence d’âge, bien sûr, mais il y avait quelque chose chez Lola qui faisait que cela n’avait aucune importance. Non, c’était autre chose. Quelque chose de plus profond, de plus complexe. Une zone d’ombre qu’il se refusait à mettre au jour. Un psy, certainement, l’aurait incité à aller chercher du côté du décès de sa mère, mais cela lui semblait tellement banal, tellement cliché ! Pourtant, il y avait sûrement un peu de ça. La mort d’Anahid Mackenzie avait laissé un vide que ni Ari ni son père n’avaient jamais voulu combler. Elle restait encore à ses yeux la figure de La Femme et c’était comme si en faire entrer une autre au centre de sa vie constituait une insulte à sa mémoire. Oui. Il y avait sans doute un peu de cela. Mais ça ne pouvait pas expliquer tout.

Alors était-ce le chemin qu’il devait suivre ? Pour ouvrir enfin sa porte à cette femme qu’il aimait tant, Ari allait-il devoir se plier au rituel occidental du divan ? Consulter un psy pour s’épancher pendant des heures sur les maux enfouis d’un petit garçon resté trop silencieux ? L’idée le rebutait, par fierté, peut-être, et parce qu’il estimait indécent de donner tant d’importance à ces blessures qu’il espérait pouvoir soigner seul. Mais cela faisait presque trois ans, maintenant, qu’il ne parvenait pas à s’abandonner à Lola, et il était temps de faire quelque chose.

Les vibrations dans sa poche l’extirpèrent de sa réflexion. Le numéro d’Iris s’afficha sur l’écran.

— J’ai trouvé les coordonnées de ton spécialiste des carnets de Villard. Il accepte de te rencontrer demain matin.

— Tu es incroyable, Iris. Je t’adore, tu sais ?

Il nota sur son carnet Moleskine les informations que lui dictait sa collègue et la salua chaleureusement.

Au loin, Lola commença à rentrer les présentoirs à cartes postales. Chassant les questions qui hantaient encore son esprit, Ari se remit en route et franchit les derniers mètres qui le séparaient de la librairie. Il ouvrit un large sourire quand Lola le remarqua enfin.

— Tiens ! Te voilà, toi…

— Oui, Lola. Désolé, mais tu vas devoir à nouveau m’héberger ce soir. Ordre de mon patron.

— Elle est bien bonne, celle-là !

— Je te jure, répliqua Ari en souriant, j’ai pas le droit de rentrer chez moi…

Lola lui répondit par un geste amusé. Avec Ari, elle savait qu’il fallait s’attendre à tout.

— Bon, d’accord, si tu le dis, mais alors tu m’invites au restaurant. Il y a que dalle dans mon frigo.

— On se retrouve chez toi dans une demi-heure. Je fais un aller-retour en coup de vent à mon appartement pour prendre quelques affaires…

— Et Morrison ?

— Ça te dérange pas ?

— Non, t’en fais pas. Tu sais que je l’adore, ton chat. Mais je croyais que tu ne devais pas aller chez toi ?

— Je ferai attention, juste le temps d’attraper des fringues et de récupérer le chat…

— OK. Sois prudent.

Une heure plus tard, ils dînaient en tête à tête dans l’une des grandes brasseries de la place de la Bastille. Ari passa toute la première partie du repas à expliquer à Lola ce qui était arrivé pendant les dernières vingt-quatre heures. La jeune femme écouta attentivement, ponctuant par moments la conversation d’interjections incrédules. L’histoire d’Ari prenait une tournure incroyable et Lola était partagée entre l’inquiétude et la fascination.

— Alors, à ton avis ? interrogea la jeune femme quand Ari eut terminé son histoire. Le mobile de ces meurtres, c’est quoi ?

— C’est forcément en rapport avec le document que m’a envoyé Paul, et donc, probablement, avec le carnet de Villard de Honnecourt.

— C’est-à-dire ?

— Eh bien, je l’ignore… Le document est peut-être une photocopie d’une page qui manque dans les carnets – il en manque apparemment plusieurs – et que les meurtriers recherchent justement. C’est l’explication la plus simple, et selon…

— Oui, oui, je sais, le principe du rasoir d’Ockham, ta grande théorie, tout ça… Bon. OK. Et pourquoi tuent-ils ces hommes-là en particulier ?

Lola savait qu’Ari avait besoin de clarifier ses idées, et en lui posant ces questions, elle espérait pouvoir l’aider.

— Probablement parce qu’ils pensent que la personne en possession du document est un compagnon du devoir.

— Excuse mon ignorance, mais ça existe encore vraiment, les compagnons du devoir ? Je croyais que c’était juste un peu de folklore hérité du Moyen Âge.

— Le compagnonnage est né au Moyen Âge, oui, mais il reste très vivant aujourd’hui.

— OK, mais concrètement, ça consiste en quoi ? Un type qui veut devenir charpentier, il va à l’école, de nos jours, non ?

— Le but reste à peu près le même qu’avant : ce sont des associations entre professionnels d’un même métier qui partagent leurs connaissances, forment des apprentis et s’entraident, tout en respectant des valeurs humanistes assez traditionnelles.

— Et quel est le rapport avec la franc-maçonnerie ? Je confonds toujours les deux.

— Parce qu’il y a eu beaucoup d’échanges entre l’une et l’autre. La maçonnerie a repris des symboles utilisés par les compagnons ainsi que le rituel de l’initiation et la structure de loges. Le compagnonnage, quant à lui, a intégré la philosophie humaniste propre à la franc-maçonnerie du XVIIIe siècle, très proche de la philosophie des Lumières. Mais sur le fond, elles n’ont pas du tout le même but. Le compagnonnage sert à former et à accompagner des gens d’un même métier, alors que la maçonnerie est une association purement philosophique.

— D’accord, mais je ne vois toujours pas comment le compagnonnage peut encore fonctionner, concrètement, au XXIe siècle…

— C’est simple, un jeune de dix-huit ans au moins, qui a déjà une qualification professionnelle, peut demander son affiliation à une société de compagnonnage. Il passe alors des épreuves, à la fois professionnelles et initiatiques et, s’il est admis, son apprentissage peut commencer. Il est guidé par des compagnons plus âgés, et il est amené à voyager de chantier en chantier.

— Ils font encore le tour de France ?

— Peut-être pas de manière aussi concrète qu’au Moyen Âge, mais oui, ils vont de ville en ville. À la fin de son voyage, les formateurs décident si le jeune peut être reçu compagnon ou non. Si c’est le cas, il prend alors le titre de « compagnon reçu ». Il y a ensuite une troisième et dernière étape, pour devenir « compagnon-fini », qui consiste en la fabrication d’un chef-d’œuvre. Le compagnon peut ensuite s’installer à son compte et devenir formateur à son tour. En gros, c’est ça.

— Dis donc, tu t’y connais drôlement bien…

— Le compagnonnage a un rapport indirect avec l’ésotérisme. Ça fait partie de ma culture, Lola.

— Et les loges compagnonniques, c’est quoi ?

— Des petites structures locales où plusieurs compagnons se réunissent, à la fois pour partager leurs connaissances, s’entraider et recevoir des apprentis. Elles organisent régulièrement des « tenues », un peu comme les francs-maçons, où on discute des affaires communes, en respectant une forme un peu particulière : rituel, organisation des débats, tout ça.

— Ça fait un peu désuet.

— Je trouve en fait que c’est une façon assez saine d’unir des gens d’un même métier autour de valeurs un peu moins artificielles que le fric.

— Si tu le dis… En tout cas, là, ces compagnons ont l’air de traîner dans une drôle d’histoire.

— Ils ne sont peut-être que les propriétaires d’un document qui attire des convoitises.

— Et à ton avis, qu’y aurait-il sur ce document de si précieux pour que des gens soient prêts à tuer quatre personnes dans l’espoir de le récupérer ? Ce que tu m’as montré n’est jamais que le dessin d’un astrolabe avec un peu de texte autour…

— J’en sais rien, avoua Ari. Même si une page perdue d’un célèbre manuscrit du XIIIe siècle doit avoir une réelle valeur matérielle, c’est sûrement plus compliqué que ça, en effet. Et si c’était ce qui est inscrit sur cette page qui les intéresse ? Le texte du bas ressemble à un extrait de chasse au trésor.

Ari sortit son Moleskine et lut le texte à haute voix.

— Écoute : « Pour bien commencer, tu devras suivre la marche de la lune à travers les villes de France et d’ailleurs. Alors tu prendras la mesure pour prendre le bon chemin. »

— C’est vrai que ça ressemble à une chasse au trésor. Mais tu crois vraiment qu’on tuerait pour un texte et un dessin ?

— Tout dépend de ce qu’ils signifient. T’en sais rien : imagine que cela révèle l’emplacement d’un vrai butin ! s’exclama Ari.

— Ah ben oui, bien sûr ! Le trésor des templiers ou de Jérusalem, surenchérit la jeune femme en souriant.

— Ce que je voudrais comprendre, Lola, c’est le lien entre ces quatre hommes assassinés, en dehors du fait qu’ils sont compagnons du devoir. Je suppose que les meurtriers ne vont pas abattre un à un tous les compagnons de France, tout de même ! Alors pourquoi ceux-là en particulier ? Est-ce qu’ils se connaissaient ? Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que cette mystérieuse Mona Safran connaît la réponse.

— Ouais, ben moi, à ta place, je me méfierais de cette bonne femme…

— Tu es jalouse, ma parole !

Lola haussa les yeux au plafond.

— Excuse-moi, mais avoue qu’elle n’est pas claire. Comme par hasard, elle habite dans le village où ton fameux Villard de Honnecourt a travaillé… Et le fait que le tueur en série soit une femme, si tu veux, euh… on ne peut pas dire que ce soit particulièrement rassurant.

— Ça ne peut pas être elle. Elle ne serait pas venue me voir le lendemain de la mort de Paul Cazo. Depuis Hitchcock, les meurtriers savent qu’il ne faut jamais revenir sur les lieux du crime.

— Elle l’a peut-être fait justement pour se disculper à tes yeux ; ce qui semble assez réussi, d’ailleurs.

Ari haussa les épaules.

— Si ça se trouve, au contraire, c’est elle qui m’a envoyé la lettre anonyme et qui m’a mis sur la piste de Pascal Lejuste… Elle m’a écrit son numéro sur un bout de papier. Il faudrait que je fasse comparer les deux écritures par notre graphologue à Levallois.

— Eh bien tu demanderas à ton graphologue de vérifier par la même occasion si ta Mona n’est pas une psychopathe sanguinaire…

Le serveur leur apporta les desserts et ils finirent leur repas sans évoquer à nouveau l’enquête. Ari sentait que Lola commençait à éprouver une certaine inquiétude à l’idée que son ami fût impliqué dans une si sombre affaire. Il tenta de la divertir en parlant musique et cinéma, puis ils quittèrent enfin le restaurant, bras dessus, bras dessous.

Un peu avant minuit, ils étaient à nouveau assis face à face dans l’appartement de la libraire. Le chat Morrison était confortablement installé sur le canapé. Lola l’avait déjà hébergé plusieurs fois, il ne se sentait visiblement pas perdu.

— T’as un annuaire, ici ? demanda Ari en fouillant dans sa poche.

— Oui, sur Internet…

Pour une fois, Ari allait devoir trahir ses principes et se résoudre à utiliser cet outil qu’il détestait tant.

— J’ai le téléphone portable du grand blond avec qui je me suis battu hier, je voudrais analyser son historique d’appels.

— Si ça se trouve il y aura le numéro de Mona Safran, et là, tu ne pourras plus nier l’évidence, mon bonhomme !

Ari avait envisagé cette possibilité. S’il avait pu établir un lien direct entre cette femme et l’un des gros bras tatoués, l’implication directe de Mona Safran n’aurait plus fait aucun doute.

Il appuya sur le bouton « Menu » du téléphone et chercha comment accéder à l’historique des appels. Voyant qu’il éprouvait quelque difficulté, Lola lui ôta l’appareil des mains et afficha la liste.

Ari se rapprocha de son amie à mesure qu’elle faisait défiler les numéros. Il reconnut celui de l’homme qu’il avait tué dans son appartement, mais nulle part n’apparaissait celui de Mona Safran. Bizarrement, il éprouva une forme de soulagement. Non pas seulement pour le plaisir d’avoir raison, mais parce que cette femme s’était présentée comme une amie de Paul – en tout cas son dossier prouvait qu’elle avait bien été son élève à Reims – et il ne parvenait pas à accepter qu’elle pût être impliquée dans son meurtre.

En revanche, mis à part celui du complice, un numéro apparaissait plusieurs fois dans la liste, parfois à seulement quelques minutes d’intervalle. Ari le nota sur un morceau de papier qu’il tendit à Lola.

— Tu crois que tu peux me retrouver à qui appartient ce numéro ?

— Je vais essayer avec l’annuaire inversé.

La jeune femme se connecta à Internet et lança la recherche. Après quelques secondes, elle se tourna vers Ari d’un air désolé.

— Non. Ça donne rien.

— Je savais bien que ça marchait jamais, le Net !

— T’es con ou quoi ? C’est pas Internet qui marche pas, c’est juste que ce numéro est sur liste rouge !

— Bon, ben j’irai chercher demain à Levallois, conclut Ari en éteignant le téléphone portable.

Ils burent un dernier verre ensemble et se couchèrent rapidement. Quand Ari effleura la main de Lola, elle se laissa faire puis elle glissa ses doigts entre les siens. Ils s’endormirent main dans la main, comme deux adolescents.

 

Le rasoir d'Ockham
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